texte n° 4
Décret du 11 novembre 2010 portant promotion et nomination
NOR: PREX1025678D
Par décret du Président de la République en date du 11 novembre 2010, pris sur le rapport du Premier ministre et des ministres et visé pour son exécution par le chancelier de l'ordre national du Mérite, vu les déclarations du conseil de l'ordre portant que les présentes promotions et nominations sont faites en conformité des lois, décrets et règlements en vigueur, sont promus ou nommés, pour prendre rang à compter de la date de la remise réglementaire de l'insigne :
Commerce extérieur
Au grade de chevalier
Allocution
de S.E. M. Denis PIETTON, Ambassadeur de France au Liban,
à l’occasion de la remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre National du Mérite
à M. Fadi Georges COMAIR, Directeur Général des Ressources Hydrauliques et Électriques au ministère de l'Énergie et de l'Eau
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Cher Fadi,
Nous sommes réunis aujourd’hui pour rendre hommage à une personnalité éminente de l’économie libanaise. A ce titre, permettez-moi, cher Fadi, de retracer brièvement votre parcours professionnel.
Ingénieur diplômé en 1984 de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées et en 1988 de l’Université Claude Bernard à Lyon, en Doctorat de génie énergétique avec mention, vous débutez votre carrière en France en 1986 dans les centres de recherches affiliés au ministère de l'Industrie et vous participez aux commissions techniques européennes spécialisées dans l’élaboration des eurocodes et dans les normes européennes en matière de construction et de gestion de l’eau.
Entre 1992 et 2000, vous êtes co-rédacteur des règles parasismiques françaises éditées chez Eyrolles et représentant de la Fédération de l'Industrie du béton au Conseil Général des Ponts et Chaussées. Vous menez des recherches au Centre Scientifique et Technique du Bâtiment et au Centre d'Etude et de Recherche de l'industrie du Béton et vous êtes membre actif des commissions spécialisées dans l'industrie du Béton ainsi que dans la rédaction de Documents Techniques Unifiés au Centre Scientifique et Technique du Bâtiment.
Fort de cette expérience, vous rentrez au Liban en 1993 où vous êtes nommé au poste de président du Conseil d'administration de l'Office National du Litani. Vous mettez alors sur pied une convention avec EDF pour les travaux de réhabilitation du barrage de Karoun et des usines de production hydroélectrique.
En 1999, vous êtes nommé Directeur général des Ressources Hydrauliques et Électriques au ministère de l'Énergie et de L'Eau auquel vous restez fidèle jusqu’à ce jour et vous continuez à œuvrer pour le renforcement des relations franco-libanaises. Vous êtes ainsi l'initiateur et le principal rédacteur, en coopération avec les ministères français des Affaires Étrangères et de l'Environnement, du Code de l'eau du Liban.
Cher Fadi, vous entretenez d’excellentes relations avec les services de l’Ambassade de France, notamment avec le Service Economique Régional de Beyrouth et l'Agence Française de Développement, avec lesquels vous collaborez dans l’appui aux entreprises françaises, ce qui a permis à ces dernières de réaliser plusieurs projets au Liban dans le cadre du Partenariat Public/ Privé pour la gestion déléguée de l'eau dans la ville de Tripoli en associant la Lyonnaise des Eaux, action qui a mené par la suite à la réhabilitation du réseau d'eau potable de la région de Jezzine. Avec Suez Environnement et Veolia, vous participez également à la conception des stations de traitement des eaux usées.
Vous faites appel au savoir-faire de consultants et ingénieurs conseils français pour les divers projets, comme Coyne & Belier et Sogreah, pour l'étude de plusieurs sites de barrages au Liban dont l'exécution a été remportée par l'entreprise Vinci Construction. Et vous confiez le contrôle technique de plusieurs projets d'infrastructures hydrauliques à des entreprises françaises comme Veritas et Socotec.
Mais vos actions avec les acteurs français ne se limitent pas là. De par votre initiative de rapprochement entre la communauté urbaine de Lyon (Grand Lyon) et le ministère de l’Energie et de l’Eau par le biais du président Raymond Barre, une convention a été signée pour la prévention de la pollution de la nappe aquifère de Jeïta.
Sans oublier la création d’ateliers de formation des cadres dirigeants du Ministère sur les énergies renouvelables, dans le cadre d'une coopération avec l'Agence de la Francophonie, votre appui pour l'élaboration d'un plan directeur du projet d'assainissement des eaux usées de la vallée de la Kadisha, et la mise en place d’un schéma directeur de la production hydroélectrique au Liban, qui sera financé par le FASEP.
Vous organisez aussi annuellement "La semaine de L'eau de Beyrouth", un événement international à grand succès, qui réunit tous les acteurs de l'eau en méditerranée en collaboration avec le Ministère de l'environnement Français et la direction de l'eau.
Vous êtes aussi, cher Fadi, président de la Commission pour la pré-qualification des consultants et des entrepreneurs auprès du ministère de l'Energie et de l'Eau et de la présidence du Conseil et un point focal de la FAO, de l'ESCWA au Liban pour les sujets attenant aux ressources hydrauliques.
En avril 2008, vous effectuez un travail de réflexion très approfondi sur l'Union pour la Méditerranée (UPM) avant sa création en juillet 2008. Ces travaux, qui ont été publiés dans plusieurs revues méditerranéennes, ont été retenus en tant que document de base par la cellule UPM de l'Elysée responsable du développement durable.
Pour l'UPM, vous restez un des acteurs clés de la stratégique méditerranéenne de l'eau dont l'idée a été lancée en décembre 2008 à la Conférence ministérielle de l'eau en Jordanie. Vous avez contribué avec le ministère de l'Environnement français à la rédaction des chapitres "gestion de la demande" et "gouvernance". Cette stratégie a été présentée en avril 2010 à la Conférence des ministres à Barcelone, durant laquelle a été adopté le centre de formation et d'information au métier de l'eau au Liban (C.I.F.M.E) que vous avez proposé en temps que centre régional pour l'UPM.
Vous êtes membre actif dans le comité stratégique du Plan Bleu et du groupe d'experts de la cellule UPM pour la rédaction du PSM (plan Solaire Méditerranéen). Depuis octobre 2009, vous êtes nommé président du REMOB, Réseau Méditerranéen des organismes de bassin et vice-président du SEMIDE (Système Euromed d'information dans les métiers de l'eau), organismes chargés d'élaborer la gestion de l'eau par bassin ainsi que la base de donnée sur l'eau en méditerranée. Vous êtes aussi président du cercle d'Ethique-Liban.
Vous avez été également conférencier dans plusieurs grandes écoles et institutions de l'enseignement supérieur en France, comme L'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées (ENPC), l'Ecole Nationale d'Administration (ENA), l'Université Claude Bernard de Lyon I, Agropolis à Montpellier et Sciences-Po à Paris. Vous êtes aussi professeur à l'Université Saint-Joseph et à l'Université Notre-Dame de Louaizé.
Vous êtes enfin rédacteur et responsable de la stratégie décennale de la gestion des ressources hydrauliques du gouvernement libanais et le principal négociateur sur les fleuves transfrontaliers du Liban. Vous êtes l’auteur de plus de 200 publications dans les revues et conférences méditerranéennes et internationales et directeur de séance et conférencier dans plus de 100 conférences internationales. De plus, votre rôle actif dans la formation de plusieurs délégations du Moyen-Orient sur l'hydrodiplomatie, a fait de vous l'expert régional incontesté des questions de l'eau.
Cher Fadi, je voulais rendre hommage aux efforts que vous avez déployés pour assurer la promotion de l’expertise française, le prestige de la France et au-delà la permanence de l’amitié franco-libanaise. C’est grâce à de telles actions que les relations entre la France et le Liban ont su rester si soutenues, notamment sur le plan économique.
Pour la constance de votre engagement à servir la France et à contribuer à son rayonnement au Liban, le Président de la République Française a décidé de vous distinguer, en vous élevant au grade de Chevalier dans l’Ordre National du Mérite.
Fadi Georges COMAIR, au nom du Président de la République Française, je vous remets les insignes de Chevalier dans l’Ordre National du Mérite.
Allocution
de M. Fadi Georges COMAIR, Directeur Général des Ressources Hydrauliques et Électriques au ministère de l'Énergie et de l'Eau
Monsieur l'Ambassadeur de France,
Mgr. Roland Abou Jaoudé représentant de sa béatitude le Cardinal N. Sfeir,
M. le pdt Hussein Husseini,
Le Général Nasser représentant du Cdt en chef de l'armée Gral J. Kahwaji,
Ma chère famille,
Je souhaite tout d'abord m'adresser à Monsieur l'Ambassadeur Denis Pietton, qui au nom du Président de la République Française M. Nicolas Sarkozy, m'a attribué la haute distinction honorifique du "Chevalier dans l'Ordre National du Mérite", un grand honneur pour lequel je vous remercie humblement et remercie à cette occasion: Mme Anne Marie Idrac secrétaire d'Etat au Commerce extérieur et Mr. Frank Galland Conseiller du président pour les affaires méditerranéennes qui ont initié la procédure aboutissant à la cérémonie de ce soir.
Je souhaite m'adresser aussi à vous, les honorables personnalités ainsi que tous les amis qui avaient si gentiment répondu présents à l’invitation de l’ambassadeur de France dans ce lieu historique qui est la résidence des Pins.
Merci de m’avoir témoigné toute votre amitié et votre appui en appréciant le travail que j’ai entrepris pour consolider les relations franco-libanaises dans les multiples activités professionnelles.
Cependant, on ne bâtit pas seul les projets de vie : il y a ceux qui les inspirent et ceux qui en accompagnent les cheminements.
Il est donc normal de vous dédier et de partager avec vous les hommages qui me sont rendus.
Merci à mes parents et à ma famille, qui m'ont non seulement initié aux valeurs humaines et universelles, mais aussi, ont forgé ma conscience et par conséquent mes choix de vie et mes décisions.
Merci à mon épouse et à mes enfants, qui m'ont constamment soutenu durant mon parcours professionnel en France et au Liban.
Chers amis,
Lorsque j'ai appris le 14 novembre dernier, que j'ai obtenu ce prestigieux insigne, je n'ai pu m'empêcher de retourner en âme et conscience vers mon pays d'adoption la France qui m’a offert beaucoup d’opportunité durant une période cruciale de ma vie.
Tout d'abord, dans le cadre de ma formation universitaire à l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées et à l'Université de Lyon, que j'ai pu apprécier l'exclusivité de la France quant à la gratuité et la qualité de l'enseignement qu'elle dispense, l'esprit de partage du savoir, pays avant-gardiste qui a su mesurer toute l'importance de l'éducation dans la formation de l'homme. Sans parler du système social unique au monde comme l'organisation de la sécurité sociale.
C'est d'ailleurs lors de mes trajets dans le 6ème arrondissement, quartier de l'Odéon, en passant de la rue d'Ulm jusqu'à la rue des st Pères que j'ai eu l'occasion de méditer les paroles de Danton :
"Après le pain, l'éducation est le premier besoin d'un peuple" ; et je me suis rendu compte de la grandeur de ce pays, missionnaire de l'instruction et vecteur d'intégration républicaine pour les jeunes.
Le rêve d'un pays basé sur l'importance des institutions, les grandes infrastructures, le développement technologique et les opportunités ouvertes à tous, se concrétisait devant mes yeux.
Sur le plan professionnel, c'est dans les centres techniques industriels et dans la recherche appliquée, que j'ai compris le rôle de ces organismes qui ont contribué à l'évolution et au rayonnement de l'industrie et de l'économie française;
C'est cette expérience, unique en son genre dans le monde, celle de la création des pôles technologiques, qu'il faudrait mettre au profit de l’économie et l'industrie libanaise.
La France a été aussi pour moi d'un grand appui dans le cadre de mes fonctions au Liban, comme président de l'Office National du Litani puis Directeur Général au Ministère de l'Energie et de l'Eau. Il me revient à l'esprit la phrase du pdt Giscard d'Estaing qui a dit que "l’agriculture devrait constituer le pétrole vert" de la France; dans ma perspective le lien entre l’agriculture et la terre, c'est l'eau, "le pétrole bleu" du Liban, source de toute vie, essentielle pour assurer la sécurité alimentaire des citoyens ainsi que la stabilité sociale du pays.
Pour cela, il faudrait anticiper sur les problèmes des changements globaux, comme le réchauffement climatique et l'accroissement de la population, par la mise en place de la stratégie décennale et des projets de retenus hydrauliques afin de relever les défis liés à l'eau, tout en veillant à la prévention et à la protection de l'environnement.
Malheureusement, depuis l'an 2000, date d'approbation de cette stratégie par le Conseil des Ministres et le Parlement. Un seul projet a vu le jour c’est celui de Chabrouh. Ce plan n'a toujours donc pas été appliqué, privant jusqu'à présent les libanais d'un besoin vital : l’alimentation en eau potable de nos villes et villages et l’irrigation de nos régions rurales, sachant que dans ce domaine, la France à travers le MEDATT, Ministère de l'Environnement du Développement Durable et de l'aménagement du territoire, mais aussi les différents services de l’ambassade de France à Beyrouth tels que : la mission économique, culturelle et l’AFD; la France a toujours été un partenaire essentiel dans de nombreux secteurs :
Notamment :
- Dans l’organisation juridique et institutionnelle des différentes entités administrative du secteur de l'eau et de l'énergie.
- Dans la mise en place d’un programme d’investissement et des projets d’infrastructure en vue d’appliquer la gestion intégrée des ressources en eau au Liban
- Dans l’effort à favoriser la gestion déléguée, le partenariat public privé, la recherche et la formation.
- Et enfin dans la coopération sur le Code de l’eau et surtout dans le domaine de la gouvernance.
Tous ces thèmes importants ont été aussi longuement développés dans le cadre de nos travaux en commun avec l'Union pour la méditerranée (UPM) et le Réseau Méditerranéen des organismes de bassin (REMOB) en vue d’appliquer la stratégie Méditerranéenne de l’eau et la mise en place du centre de formation et d’information aux métiers de l’eau (CIFME), projet régional adopté par la dernière conférence UPM de Marseille. Ce centre régional hébergera à Beyrouth, la future agence méditerranéenne de l’eau.
Chers amis,
Ma vocation sera de créer et de veiller au maintien des conditions favorables et propices au dialogue entre les civilisations, entre les cultures et les peuples; dialogue fondé sur la tolérance et le respect d'autrui.
Ce sont ces valeurs humaines et républicaines qui continueront toujours à m’inspirer dans mes activités sociales et professionnelles au Liban et dans la région du bassin Méditerranéen.
Encore une fois, je voudrais vous remercier pour votre présence, je suis très heureux de partager cet honneur avec vous.
Je vous remercie.